Mes 100km de Millau étaient de la rigolade à côté de ce trail de 80 km. Nous avons pris le départ à 12h, départ mené par 4 chevaux dans un pré, super chouette! 3 non-voyants avec 2 guides chacun et 1500 participants derrière.

Nous voilà partis sur les chemins, et sentiers à travers les forêts parisiennes. Très beau parcours nature très varié, mais quant à vous dire, les cailloux, les branchages, les troncs en travers, les ornières pleines de boue, d'eau, quelle horreur! Il n'y avait presque que ça. Ce n’est pas tout, le dénivelé était là aussi.
Des raidillons à plus de 20%, ou des côtes plus longues. Mais j'ai très vite compris pourquoi beaucoup avaient leur bâton télescopique. Des chemins en monotraces, l'un derrière l'autre, pas du tout facile.
Sylvain et
Hubert se relayaient régulièrement et il fallait bien ça. Mais moi, je ne pouvais jamais relâcher mon attention ni ma prudence, ce qui est faisable sur la route. Plus on avance, plus je sens une douleur dans mon genou gauche, j'angoisse. Pourtant dans ma tête tout va bien.

On arrive au 50ième, il faut décider. Continuer? Je ne peux plus trottiner dès que ça monte et encore moins quand ça descend, et du plat il faut le chercher. Je décide, on continue, on est dans les temps. Je serre les dents, je savais que ce n'était pas raisonnable mais de toute façon j'étais blessée. Malgré tout on avance dans la bonne humeur, on dépasse ceux qui se trainent en marchant, on y croit. Voilà le parc de St Clou, Madame la Tour Effel et toutes ses illuminations nous tend les bras mais c'est encore loin. On avance et bientôt on atteint les berges de la Seine, pas très carrossables, la Tour s'approche.

Encore un effort et on se trouve au pied de la tour où un premier accueil nous applaudit,
Hubert et
Sylvain oublient de me dire "lève" et me voilà presque projetée sur l'estrade, quelle peur! Mais voilà maintenant le chrono s'arrêtera au 1er étage et pour cela il faut monter les 367 marches. Je me sers de la rampe pour grimper et nous voilà sur le tapis avant minuit. A ce moment là on ne pense plus au chrono, il nous restait plus d'une heure, mais c'est fini. Patrick mon ami non-voyant était arrivé 1h avant et Didier 1h après. Quelle satisfaction à ce moment là mais aujourd'hui je réalise encore plus les difficultés et le gros boulot de mes guides qui étaient vidés comme moi. Sur les
1500 partants seulement
1002 sont arrivés Nous avons mis 11h57. Très belle expérience mais très très dure. Je n'ai plus qu'à soigner mon genou, j'ai sourie quand mon médecin m'a annoncé un T F L (tenseur fascia latta) une grosse inflammation avec déjà du liquide.
Un peu de repos mais bientôt sur les routes…

On m'a demandé comment se comportait mon mental pendant cette course. Bien sûr il y a des moments nuageux dans notre tête. C'est ce qu'on appelle "
le doute". Au 50ième km un petit diablotin vient malicieusement susurrer "n'es-tu pas trop ambitieuse de t'engager sur ce chemin? Est-ce vraiment possible pour toi? Ecoute ton corps, tes muscles vont bientôt avoir des crampes, repartir sur une blessure cela va te condamner, c'est grave!" mais comme on a tous un ange gardien, il vient te dire "tu as déjà fait 50km, il n’en reste plus que 30. Alors tu connaitras le bonheur de l'arrivée, pense à tous ceux à qui tu as confié ton projet, ils croient en toi, alors va, va jusqu'au bout!" Tu repars et le diablotin te rattrape au milieu de la forêt, sur les chemins te fait prendre conscience de ta souffrance mais à nouveau en avançant l'ange gardien te félicite et t'encourage pour aller au bout. Je ne pense plus, je me laisse guider, j'arrive au but et c'est le bonheur! Sur ces courses longues, c'est souvent le même scénario… Et je pense pour beaucoup, il faut être fort...
Pour en savoir plus sur l'Eco-Trail
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Encore un exploit à porter au crédit d'Odile... et de ses guides. Bravo, bravo, bravo... Jean-Michel
1 commentaire:
SUPER !!!!!!
Le diablotin a été vaincu, Respect à vous trois !
Soigne toi bien Odile !
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